Comme pour accompagner la tournée des 60 ans de carrière du musicien camerounais qu’on ne présente plus, Hot Casa Records réédite African Voodoo, compilation de titres anecdotiques en trompe-l’œil.
Qui aurait pu croire qu’une compilation de titres joués dans un but commercial deviendrait si prisée des amateurs d’afro-jazz ? Enregistrés sans prétention en 1971 au studio Pathé-Marconi de Boulogne-Billancourt, ces douze titres étaient à l’origine tous destinés à finir leur vie éphémère dans un écran, pour le cinéma, la télévision ou la publicité. D’habitude composées pour meubler et accompagner des illustrations plus que pour faire danser, ces bandes-son se transforment ici en or lorsqu’elles passent entre les mains de Manu Dibango.
Ces enregistrements d’époque réédités pour la dernière fois en 1981 n’étaient jamais supposés atteindre le diamant de la platine vinyle d’un particulier. En effet, si on sait que la raison d’être du morceau d’introduction « Groovy flute » était de sonoriser une publicité pour du poulet, l’anecdote est vite oubliée à l’écoute de ce pur moment de jam où Manu Dibango joue avec brio de son vibraphone, orgue, marimba et bien sûr saxophone en dirigeant la crème des jazzmen français des années 70. Yvan Julien (trompette), Slip Pezin (guitare), Jacques Bolognesi (trombone), Lucien Dobat (batterie), Émile Boza (percussion) et Manfred (basse) aident ainsi le natif de Douala à enregistrer cet album d’afro-jazz enjoué dont l’Histoire n’a rien retenu d’autre.
En plein dans la période du morceau légendaire « Soul Makossa » qui le propulsa en haut des charts, Manu Dibango donne ici un exemple de son charisme et de sa maîtrise en tant que musicien et chef d’orchestre, à l’aube de sa conversion au rare groove, ce style aux accents latins qui mélange soul, jazz et afro-funk. Un must-have !
L’album sortira uniquement en vinyle sur Hot Casa Records le 14 juin 2019. Précommandez-le sur le site du label.